Pourquoi peindre ?

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Cette question est fondamentale. On ne peut engager de projet sans se l’être posée. Peindre c’est témoigner. Pour moi, il s’agit du témoignage de l’émotion par l’image. Mon objectif qui tend à révéler ma sensibilité cherche à matérialiser sur papier de riz un instant fragile, fugace mais intense. Je cherche à fixer le moment où tout bascule. Où ce que l’on regarde devient une œuvre d’art. Saisir ce moment c’est prouver que notre quotidien est parsemé de choses qui sont des œuvres d’arts. Notre seule contrainte c’est de les voir et de les ressentir au travers de notre disponibilité (principe Zen par excellence).

Pour moi, peindre c’est la traduction de nos sens au service de l’art. Pour la parole, ce sont les poèmes. Pour la vue, ce sont les tableaux.

Le sumi-e est un moyen parfaitement adapté pour cela car c’est une pratique qui découle du Zen. La définition que j’ai réalisée spécialement pour comprendre la définition du sumi-e démontre que cet art est l’art de l’émotion pure. C’est l’art de l’expression de nos émotions car il n’y a pas d’esquisse ni de croquis. Nous réalisons instantanément notre peinture avec une encre impitoyable sur une feuille fragile. Il est donc nécessaire d’être en harmonie avec notre environnement et avec soi-même. L’absence de croquis nous permet de retransmettre instantanément nos émotions. L’obligation de simplicité (noir et blanc), la place du blanc et l’absence de détail dans les peintures nous obligent à retranscrire l’essence du sujet peint.

Selon moi, le sumi-e est à la peinture ce que le parfum est au sens olfactif.

Mon projet artistique s’inscrit dans un projet de vie. Le sumi-e est bien plus que la simple expression artistique d’un sujet ou d’un thème. C’est un art de vivre qui puise directement sa force dans le Zen. Il s’agit du Zen dans son sens littéral du terme : l’expression la plus simple de l’être dans son environnement.

Ma démarche est analogue à l’évolution d'un bonsaï : Obtenir des bases solides auprès d’un maître. Puis se détacher de ce maître pour prendre de la hauteur tout en puisant dans ses racines. Le parcours est tortueux. Parfois sombre. Parfois éclairé. Parfois, on s’éloigne du chemin. Parfois on emprunte des impasses avant de revenir. C’est une voie infinie de corrections, de succès et d’échecs vers l’élévation spirituelle.

Et cela, simplement en peignant…